
Ce jeudi 6 février (18h30), conférence par Françoise Dax-Boyer, directrice de la revue littéraire de la Montagne Noire, poétesse, romancière et réalisatrice, qui projettera son film « Le désert héroïque ».
Le film évoque l’arrestation et l’exécution publique de Mathieu Escande, membre de l'église réformée, place du Plô à Mazamet, le 23 avril 1689, après la révocation de l'édit de Nantes (1685). Le film a été tourné principalement à Pont de l’Arn, au Mas del Pech, à Montlédier et dans les somptueuses gorges du Banquet. À sa manière « le désert héroïque » milite contre l’oubli et ouvre la réflexion sur l'intolérance et le pouvoir, les cycles de répression et de résistance. Des thèmes d'actualité.
« Je me suis en effet, inspirée de la vie de mon aïeul Mathieu Escande. C'est mon cousin Jacques Escande, qui m'avait apporté à la Ragné l'arbre généalogique et la note sur le martyr de Mathieu Escande, né en 1650. Mathieu Escande est incarné par un Jérôme Pinel, inattendu, talentueux, à la présence forte, qui provoque l'émotion sans parler des figurants, tous investis, et aux visages si expressifs qu'on ne peut oublier », évoque Françoise Dax-Boyer.
Le contexte
Mazamet, en ce temps-là, était une des cités du Languedoc la plus fidèle sur le plan de l’obstination à vivre sa foi protestante. Ne restait, cependant, dans l’ancienne Église réformée de Mazamet, qu’une poignée de fidèles, qui, ayant pour la plupart abjuré, suivaient plus ou moins régulièrement la messe à la paroisse catholique de Saint Jacques, et le soir, en secret, leur culte silencieux dans les caves, à la lueur des chandelles... Au lendemain même de la Révocation de l’Édit les « Assemblées » secrètes, à la campagne se multiplièrent irrésistiblement. Il fallait, en effet, un certain courage pour y assister. Les dénonciations étaient malheureusement fréquentes. L’arrestation était immédiate et l’incarcération dans les prisons de Castres ou de Ferrières. La condamnation aux galères, sanction terrible, était redoutée. Les pasteurs, eux, étaient condamnés à l’échafaud.
Un peu partout, à Montlédier, à Calmon, dans les gorges de l’Arn et du Banquet, durant tout le 18 siècle, presque sans interruption, ces Assemblées continuèrent. Beaucoup de ces Assemblées, malheureusement furent surprises et se terminèrent tragiquement.